Le Bestiaire intime comprend 9 dessins d’animaux, accompagnés d’un texte court. Chaque animal incarne un état émotionnel intense, une petite brisure d’identité. Par exemple, le long cou de la Girafe permet de tenir la tête hors de l’orage, l’Hippopotame hurle la honte existentielle qui hante les victimes de violences sexuelles, l’Ourson donne vie à la fatigue dépressive, celle qui cloue au canapé.
Tous ces animaux sont nés du ventre sombre du traumatisme. En revanche, leur représentation se veut lumineuse, et directement accessible. Les textes, autant que les dessins, sont des supports pour apprivoiser des monstres blessés (qui trainent sous le tapis de la conscience) et leur trouver un sens, une utilité, des qualités.
Faire grandir un jardin zoologique privé, c’est une manière de survivre à l’inceste, en acceptant les vagues d’émotions fossilisées qui enveloppent comme les couches d’un oignon. Par la peinture, l’écriture et l’imagination, les animaux du dedans s’expriment, s’apprivoisent et se soutiennent. Ainsi, il est possible de réconcilier les parties de soi prisonnières du passé et de l’amnésie traumatique.
Ce travail pourra toucher évidemment les survivant.es, celleux qui cherchent sans cesse à se colmater de l’intérieur, mais également un public plus large. Le Bestiaire intime permet à chacun et chacune de s’interroger sur son propre monde intérieur. Car personne ne sort indemne de l’enfance : il y a toujours des morsures à panser, des fauves à apprivoiser, et une enfant intérieure à consoler.