Ourson as an welcome image

BESTIAIRE INTIME

par Oriane Royon Da Silva

Synopsis

Rendre visibles les conséquences des violences faites aux enfants.

Le Bestiaire intime comprend 9 dessins d’animaux, accompagnés d’un texte court. Chaque animal incarne un état émotionnel intense, une petite brisure d’identité. Par exemple, le long cou de la Girafe permet de tenir la tête hors de l’orage, l’Hippopotame hurle la honte existentielle qui hante les victimes de violences sexuelles, l’Ourson donne vie à la fatigue dépressive, celle qui cloue au canapé.

Tous ces animaux sont nés du ventre sombre du traumatisme. En revanche, leur représentation se veut lumineuse, et directement accessible. Les textes, autant que les dessins, sont des supports pour apprivoiser des monstres blessés (qui trainent sous le tapis de la conscience) et leur trouver un sens, une utilité, des qualités.

Faire grandir un jardin zoologique privé, c’est une manière de survivre à l’inceste, en acceptant les vagues d’émotions fossilisées qui enveloppent comme les couches d’un oignon. Par la peinture, l’écriture et l’imagination, les animaux du dedans s’expriment, s’apprivoisent et se soutiennent. Ainsi, il est possible de réconcilier les parties de soi prisonnières du passé et de l’amnésie traumatique.

Ce travail pourra toucher évidemment les survivant.es, celleux qui cherchent sans cesse à se colmater de l’intérieur, mais également un public plus large. Le Bestiaire intime permet à chacun et chacune de s’interroger sur son propre monde intérieur. Car personne ne sort indemne de l’enfance : il y a toujours des morsures à panser, des fauves à apprivoiser, et une enfant intérieure à consoler.

Peintures et poèmes

Créer depuis l'amnésie traumatique

Hippopotame

Hippopotame
Hippopotame

49x64,5cm sur papier noir, techniques mixtes

(acrylique, gouache, crayon de couleur, paillettes, colle, pastel gras)

J’entends des cris à l’intérieur de moi par intermittence. Ce n’est pas une métaphore, c’est une sensation concrète : lorsque je m’arrête et que je me mets à l’écoute de mon monde intérieur, des hurlements remontent de mon plexus vers ma gorge.

Longtemps l’origine de ces vibrations est restée mystérieuse. Il a fallu d’abord se livrer à une paléontologie de la souffrance, strate après strate, pour libérer les émotions fossilisées. La rébellion recouvrait la tristesse, la tristesse enveloppait la colère, la colère dissimulait la peur, et finalement sous la peur : il y avait la honte. Des vagues de honte profondes et renversantes, qui se déversaient, sans début ni fin, depuis la gueule ouverte de l’Hippopotame.

Ma honte est comme une couleur primaire, qui imprègne toutes les autres. Elle jaillit en une source que rien ne peut tarir depuis les entrailles du traumatisme. Elle s’écoule et glougloute en un long vomissement. Parfois (rarement) elle recouvre tout le reste. Le plus souvent elle s’épanche en sous-terrain.

C’est une honte-racine, une honte-source, une honte-existentielle. Comme le premier animal sur terre. Comme si avant elle rien n’existait. L’Hippopotame a précédé le monde dans lequel je grandis. Elle est la doyenne de tous mes animaux : la version préhistorique, le protozoaire de mon bestiaire.

Or, à quoi ça sert la honte ? La culpabilité je vois bien : c’est un moteur pour agir. Je me sens coupable de FAIRE quelque chose alors je peux changer mon comportement. Mais là honte … C’est la honte d’ETRE qui je suis ? A quoi sert-elle si ce n’est à se plier à l’ordre de la domination sociale ? Et dans ce cas, comment donner du sens, comment entendre de la beauté dans les cris déchirants de mon Hippopotame ?

Panthère

TW : violences

Panthère
Panthère

49x64,5cm sur papier noir, techniques mixtes

(crayon de couleur, paillettes, pastels gras, arylique, laque, pastel sec)

Je suis une grande anxieuse, je ressens toujours de la petite peur, une alarme diffuse et permanente. Or, derrière mon intranquillité se tapit une panthère noire : c’est la terreur qui rôde. C’est l’épouvante, l’innommable, celle dont il ne faut pas prononcer le nom car personne n’a envie de l’entendre. Celle qu’il est tabou de dire, mais pas de commettre, qui arrive sans crier gare, feutrée comme les pattes d’un félin.

TW : violences

Elle anime chaque cellule de mon corps, chaque électron de mon cerveau. L’agitation qui guette sous ma peau, m’étreint la gorge, accélère ma respiration, mon pouls, ma tension sanguine, ma pression cardiaque. C’est la peur qui guette. C’est la peur qui m’agite. Je cours comme une animale traquée, anesthésiée pour ne pas ressentir. J’ai au fond de moi gravée : l’horreur.

En pensant ces mots, se réveillent des douleurs dans ma chair. Plaquée par un corps d’adulte, j’étouffe. Mes clavicules brulent. Mes os n’ont pas cédé sous son poids. Des sanglots se taisent dans ma gorge. Alors j’ai planqué ma terreur de bête traquée. Ensevelie.

Mais viens là, ma panthère, laisse-moi respirer. Viens là que je te reconnaisse, que je t’apprivoise. Et dis-moi : qui es-tu ? Est-ce que tu es le monstre dévorant, ou plutôt la bête traquée ? La panthère FAIT peur autant qu’elle A peur ? C’est l’agresseur, ou c’est la proie ? C’est lui, ou c’est moi ?

Mais viens là, ma panthère, et ensemble nous irons pisser sur sa tombe. Je suis vivante et il est mort. Alors nous guérirons nos clavicules et nous sauverons notre enfant intérieure de ce purgatoire où elle était tombée comme dans l’eau croupie d’un puit.

Sois sage, ô ma Terreur et tiens-toi si tranquille que je puisse vivre sans y penser sans cesse.

Lémuriens

Lémuriens
Lémuriens

49x64,5cm sur papier noir, techniques mixtes

(crayon de couleur, paillettes, colle, pastel sec, acrylique, laque)

Toute invitation déclenche chez moi de la joie enfantine et de l’impatience. Etonnamment d’ailleurs, puisque je connais la suite de l’histoire : c’est toujours la même. La fête d’anniversaire est une torture. Heureuse d’être invitée, malheureuse d’y assister. Débordée d’émotions, de sollicitations, de bruits, de gens que j’imagine hostiles avant même qu’ils ne m’aient adressé un regard : mon enthousiasme se heurte au groupe des lémuriens.

Je suis hors-champ. J’observe le groupe soudé de mes pairs, avec convoitise, avec amertume et angoisse, avec dédain aussi, et surtout, le ventre noué d’effroi. J’en déteste l’inertie, les lenteurs, le conformisme, la soumission, les normes. Je suis trop rigide pour me fondre dans la masse. Trop indocile aussi pour encaisser les contraintes du nombre. Je souffre de la distance mais ne supporte pas la proximité. Dans les fêtes d’anniversaire, je fais du lèche-vitrine sans le sou, jusqu’à m’en ulcérer l’estomac.

La horde est soudée. Je n’en fais pas partie. Seule paria, je ne sais pas y faire. La dissociation monte, devient de l’angoisse et nourrit le sentiment que quelque chose de grave va arriver. C’est presque une parano. Autour de moi : des courses-poursuites d’enfants survoltés, des cris aigus, les rires des adultes éméchés, leur haleine alcoolisée, les cheveux collés de transpiration, la poigne mauvaise qui saisit un petit au collet pour le rudoyer, des pleurs, des claquements de porte, des menaces de punitions ineptes, des pleurs de nouveau. Me voilà revenue, immergée, au temps du trauma. Il faut fuir.

Girafe

Girafe
Girafe

49x64,5cm sur papier noir, techniques mixtes

(acrylique, crayon de couleur, paillettes, coll, coton, pastel sec)

Elle n’est pas très différente d’une girafe ordinaire : un très long cou, un pelage jaune moucheté de noir, quatre grandes jambes qui soutiennent son corps musclé. J’aime comme ses pieds délicats me tiennent compagnie lors de nos longues promenades en hiver. Je me sens moins seule de la savoir près de moi, bien que souvent elle soit si loin du sol qu’on devine à peine ses drôles de cornes.

Elle m’accompagne dans les moments de confusion, quand les idées s’entrechoquent sans arriver à leur terme, quand la pelote de pensée s’emmêle, quand ma vie intérieure est réduite à une bouillie de nœuds. Ma géante délicate m’emporte pour dépasser, tenir bon, enjamber. Elle respire au-dessus de l’orage, comme on tient sa tête à la surface quand on ne sait pas nager : maladroitement et en avalant beaucoup d’eau.

Des souvenirs fous comme des oiseaux blessés se heurtent à la vitre des immeubles où je m’abrite. Mais peu importe. Ce qui est décisif, avec une girafe, c’est de conserver une bonne hauteur sous plafond. Tant pis pour le verre brisé. Je reprendrai mon souffle dans l’accalmie qu’elle m’aura permis d’aller chercher.

Ourson

Ourson
Ourson

49x64,5cm sur papier noir, techniques mixtes

(crayon de couleur, pastel sec, acrylique)

Souvent lorsque je peine à trouver le sommeil, j’invoque l’Ourson. Je voudrais qu’il émerge de son hibernation pour m’emporter avec lui dans le repos tant désiré. Mais c’est au contraire quand j’aspire à plus d’énergie qu’il m’attrape de ses pattes poilues pour me garder au chaud, dans un sommeil pesant et triste.

Le petit ours est doux et moelleux. Sa fourrure sent bon comme les jours de pluie. Mais la tristesse qui m’envahit est immense, et aucun sommeil ne pourrait m’en consoler. Je dors plus que plus soif, étourdie de tant dormir. Les yeux collés, les oreilles encotonnées, je m’efface. Ne me parviennent que des remous indistincts depuis le fond d’une baignoire d’eau tiédasse. Dormir pour oublier comme d’autres boivent pour vivre. Cette petite boule de poils, léthargique, me protège du froid incisif, de mes pensées incisives, des incisions en tout genre. Anesthésiée, tout est embrouillé et moi je veux juste qu’on me laisse dormir.

Limace

Limace
Limace

49x64,5cm sur papier noir, techniques mixtes

(crayon de couleur, paillettes, colle, pastel sec)

Ma limace s’appelle Nullisse. C’est un joli prénom pour une limace. Elle ressemble étrangement à une merde posée là par le dernier clébard venu. Mais ce n’est pas une merde, c’est une limace, un être vivant doté de sensibilité, d’une volonté et même de passions. Ma limace est d’ailleurs une Reine-limace, quand elle bave c’est de l’or en paillette qu’elle étale sur son chemin. Sa valeur ne se cache pas dans sa forme, ou dans sa vivacité, mais dans ses qualités intrinsèques.

Souvent quand j’étais enfant et adolescente, on m’a dit « aller, bouge, mets-toi en mouvement, on dirait une limace sur le canapé ». Limace, limaçonne, mollasse, mollassonne : l’immobilité ou la lenteur comme repoussoir. Alors j’ai longtemps cru que ma limace devait être cachée ou même combattue, qu’elle était laide et inutile, qu’il valait mieux la dénigrer, ou même nier son existence, l’enfermer dans une boite, l’éventrer d’un coup de botte en caoutchouc dans le jardin pour voir ses entrailles souiller l’herbe. Parfois je me sens limace, grasse, collante, baveuse, lisse, glissante, lente, inutile, ridicule, laide, molle. Je visualise une limace, poisseuse de l’intérieur, éventrée vivante.

Cependant, ce n’est pas parce qu’on ressemble à une merde qu’on en est une. Aujourd’hui je vois la beauté de ma limace dans chaque mouvement subtil de ses antennes, dans les dessins raffinés des ridules sur son corps. Je vois sa puissance dans sa capacité à se tracter et se rétracter à la seule force de la ventouse que l’évolution de la vie sur terre lui a donnée. Et je collecte précieusement les paillettes qu’elle étale autour d’elle.

Rhinocéros

Rhinocéros
Rhinocéros

49x64,5cm sur papier noir, technique mixtes

(acrylique, paillettes, colle, pastel gras,)

Dans la vie, on nous répète assez que « mademoiselle il faut apprendre à dire non ». Mais on voudrait aussi que nous ne vexions personne. Or je pense que c'est impossible, ou en tout cas, et ça n’engage que moi : je choisis de passer pour une connasse plus souvent que pour une cruche. J’appelle cela une mesure de protection. Pour celà, je dois laisser mon cœur mou de côté et vigoureusement tenir tête. J’en suis capable grâce à la puissance archaïque de ma Rhinocéros.

De sa peau épaisse et ridée, monumentale, elle pare aux menaces. Elle est garde-barrière et garde-malade, celle qui fait le vide autour de mon centre spongieux pour protéger ce qui est mien. Des brisures de l’enfance malmenées elle est le bouclier, le totem et la cuirasse. Retenue par aucune arrière-pensée, imperméable à la culpabilité, à la honte, aux regrets. Elle est la sagesse de la limite que je ne saurais poser sans elle.

Au travail certain.es collègues me redoutent, au sport certaines personnes m’évitent. Je ne m’en plains pas, je préfère qu’on me laisse tranquille, car je suis au fond très vulnérable et j’ai besoin de me sentir protégée. Lorsqu’on me pousse dans mes retranchements (qui sont parfois faciles à trouver), une corne pointe, des sabots raclent le sol, je suis lestée de la majesté d’une tonne de muscle. Je fonce dans le tas. La colosse rugueuse surgit et charge sans préavis, ce qui peut être assez déconcertant, je le concède à celles et ceux qui s’en sont plaint.es.

D'ailleurs si elle charge un peu trop vite, un peu trop fort, ça fout la pagaille dans l’équilibre zoologique interne. Sur le moment, portée par son énergie réfractaire, je suis pure sérénité et force. « Déso pas déso, c’est la Rhinocéros qui refuse de se laisser marcher sur les pieds ». Et puis, à mesure qu’elle se retire, j’évalue l’ampleur de son apparition. Dans certains cas, je m’en mords les doigts. Je ne sais plus si oui, si non. J’aurais du, c’est trop tard ? La prochaine fois... Et je dois gérer la moitié de mon bestiaire en PLS : la louve grimpe dans les tours, la limace se terre, la petite hippopotame manque de se noyer dans ses larmes, la panthère menace de tout casser. Heureusement, la scarabée que rien ne saurait dérouter prend le relai.

Scarabée

Scarabée
Scarabée

49x64,5cm sur papier noir, techniques mixtes

(pastels secs, laque, crayon de couleur, pastels gras, acrylique)

D’aussi loin que ma mémoire remonte, j’aimais bien l’école, en tout cas je me conformais aux attentes. Les enseignant.es étaient satisfaites de mon travail. De mes excellentes notes ma mère ne pouvait rien redire et ainsi je me rassurais d’avoir une place dans le monde. Après l’école, j’ai assumé des fonctions professionnelles vite et bien, avec intérêt, engagement, avec de l’endurance aussi.

Je suis obstinée. J’abats les taches qu’on me confie. Je fais même ce que j’avais dit que je refusais de faire, mais je le fais quand même rattrapée par ma culpabilité congénitale. Bref, j’en fais beaucoup trop, et c’est la scarabée qui me conduit sur ce chemin. Pour tenir le trauma à distance, pour maintenir l’illusion d’un quotidien performant et l’apparence bien ficelée de la normalité.

Elle pousse une boule d’émotions résultant du traumatisme. Elle incarne ma détermination à m’agiter pour ne pas laisser les émotions (la peur, la honte, et la tristesse) me pétrifier. Ses pattes griffues s’arqueboutent sur une sphère plus grosse et plus lourde qu’elle-même. Les pattes avant campent dans le sol, cherchent de meilleures prises pour se propulser ; les pattes arrière roulent sur la boule pour la déplacer. Petit pas par petit pas, avec opiniâtreté et une forme d’aveuglement d’autant qu’elle ne progresse qu’à reculons. Imperturbable Sysiphe à 6 pattes, elle pousse ce rocher, et pousse, et pousse et pousse, sans fin, sans but. Il est juste impossible de s’arrêter.

La pelote de trauma luit du vermeil d’un volcan ensommeillé, une chaleur diffuse s’en dégage qui brule le bout des pattes du petit insecte. Elle la fait tournoyer sans fin comme une patate chaude. Peut-être attend-elle qu’elle s'attiédisse? En vain, car elle est faite d’une lave qui ne refroidit pas, elle est tissée du fil de mes traumas, inextricables. Et fascinants et incandescents comme un astre.

Elle roule cette masse sourdement lumineuse, comme la nuit chasse le jour. L’agitation est une lame de fond, un courant profond et puissant qui m’exhorte : “avance, fais plus, fais mieux, surtout ne regarde pas vers le bas.” Pour ne pas être tentée de me jeter dans le noyau ardent du volcan, j’avance, je continue de m’agiter. Si j’essayais de regarder en face et de très près, frontalement donc, la somme de mes traumatismes, ce petit monticule de douleur, j’en mourrais surement, réduite en poudre instantanément. En cela, ma vaillante insecte me protège, elle m’évite la confrontation, elle maintient la souffrance à distance par son activité incessante.

Alors quand j’ai fini de travailler, je pense au travail, j’imagine des tableurs me permettant de travailler mieux et plus vite. Ainsi je pourrais dégager du temps pour en faire encore plus. J’ai parfois l’impression de me conduire comme un manager fou, ou un poulet sans tête, ce qui est tout comme.

Louve-Paon

Louve-Paon
Louve-Paon

49x64,5cm sur papier noir, techniques mixtes

(crayon de couleur, paillettes, colle, pastel sec)

Je suis devenue mi-louve mi-paon en même temps que je devenais mère. Ça a été un cheminement à tâtons, dans la froidure d’un hiver qui m’avait engloutie tout de go. Grossesse difficile, accouchement difficile, post-partum difficile : je contemplais ma vie de loin sans trop savoir qui j’étais en train de devenir. Mais petit pas par petit pas, la métamorphose a opéré. La louve-paon est née de l’amour que j’ai appris à me porter en devenant maman.

Elle est puissante, fière et féroce, mais aussi délicate et généreuse. De ses pattes de velours, elle me précède, le nez humide et réconfortant flairant les alentours. Sa traine somptueuse ferme la route, efface ses traces. Elle est un dosage élégant d’intelligence et de confiance. Protectrice et chaleureuse, elle s’occupe à merveille des petit.es en tout genre. C’est la pédagogue de ma ménagerie.

Lorsque je panique, pour mille et une raison car j’ai l'angoisse facile, c’est elle qui reprend le dessus. Alors je me tourne vers mon enfant, et dans mes yeux c’est sa sécurité qu’il puise. Elle nous enveloppe tous deux de la certitude d’être au bon endroit au bon moment. Sa crinière est un refuge de chaleur et d’amour.

Sculptures

Carroussel de bêtes intérieures

Informations sur l'exposition

L'artiste > Oriane Royon Da Silva

Sociologue de formation, Oriane a exercé des fonctions de cheffe de projets dans l'enseignement supérieur. A trente ans, l'entrée dans la maternité puis la levée d'amnésie traumatique ont ouvert une brèche dans la linéarité de son parcours et permis l'éclosion du projet Bestiaire Intime. Touche à tout, Oriane est actuellement en reconversion pour devenir developpeuse web. Ce site internet fait office de passerelle entre deux mondes : celui du code et celui du dessin.

Dire était une étape nécessaire dans un long chemin vers la guérison, bien que de l'inceste on ne se guérisse jamais tout à fait. C'est une manière de reprendre du pouvoir sur la narration, individuelle, et aussi collective, des récits des violences sexuelles. Ainsi ce Bestiaire de dessins, de sculptures et de poèmes, est un projet politique autant qu'artistique. Créer et disséminer des connaissances collectives, à partir d'un matériau intime permet à l'artiste de contribuer au dialogue collectif en cours.

Bestiaire Intime en chair et en os > Où voir l'exposition ?

  • Période

    Du 15 novembre
    au 1 décembre 2024

  • Lieu

    Galerie Longue Vue,
    16 rue Méchin,
    93450 L'Île-Saint-Denis.

  • Trajet

    Depuis la Gare du Nord à Paris, il suffit de 5 min de transilien H , ou 7 min de RER D, jusqu'à la gare de Saint Denis. Puis compter dix minutes de marche ou un arret de tramway.

  • Horaires d'ouverture

    lundi : 16h-18h
    jeudi: 16h-18h
    samedi: 16h-18h
    dimanche: 16h-18h

  • Vernissage 15/11/24

    16h -18h : ouverture de la galerie
    18h : vernissage !

  • Conférence 30/11/24

    Evénement dans de cadre de la semaine de lutte contre les violences faites aux enfants et aux femmes :
    16h - 18h30: ouverture de la galerie
    18h30 - 19h30 : conférence de Clémentine du Pontavice et Louise Oligny artistes engagées, intervenantes à la Maison des femmes de Saint Denis. et co-autrices du livre Réparer l'intime .

Remerciements

Contributions directes

Les photographies des oeuvres ont été prises par Louise Oligny

Le site internet a été conçu par Oriane Royon Da Silva, avec la contribution technique et l'aide inestimable de @Fabio et @Robo. Les amateur.ices de javascript pourront constater l'élégance et l'efficacité de leurs algorithmes sur le dépôt GitHub.

Gratitude

Ce site internet est l'occasion de remercier toutes les personnes qui ont contribué d'une manière ou d'une autre à faire naitre ce projet :

  • Les animatrices de l'atelier Réparer l'Intime de la Maison des femmes de Saint-Denis

    Clémentine Du Pontavice , Louise Oligny et Sophie Dufau m'ont accompagnée avec délicatesse et clairvoyance. C'est grâce à elles trois que le Bestiaire Intime a pu sortir de mes cartons de dessins pour aller voir le monde.

  • Toutes les soignantes extrèmement informées et soutenantes (thérapeute ICV, psychiatre, kiné, ostéo)

    Chacune à leur manière m'ont permis de me relever, dans un parcours de soins long, couteux, et douloureux. En d'autres termes, non seulement j'ai eu les moyens d'accéder aux soins, mais aussi et surtout j'ai rencontré des professionnelles hors pair à qui je veux rendre hommage.

  • Ma famille : mon frère, mes parents, et ma belle-famille

    Il faut beaucoup de retenue et de courage aussi, pour accepter d'être le témoin impuissant du drame vécu par quelqun.e d'autre. Aussi je les remercie particulièrement de m'écouter, de me croire et de réussire à me faire confiance pour me relever sans leur aide.

  • Toutes les personnes de mon entourage

    Enormément de personnes m'ont témoigné leur empathie et leur soutien dans l'une ou l'autre des étapes de mon parcours. Derrière chaque oeuvre, il y a beaucoup de sourires et de petits gestes accumulés.

  • Les camarades d'infortune, et de lutte contre les violences

    Je salue ici mes soeurs et frères cabossé.es de l'enfance. Les travaux de la CIIVISE (la vraie, celle du juge Edouard Durand) nous ont donné l'occasion d'exister ensemble et de contribuer au dialogue collectif en cours. Je dois aussi beaucoup à toutes les oeuvres que j'ai pu lire ou voir ces trois dernières années.

  • Mes amies proches

    Evidemment je remercie du fond du coeur celles qui m'ont écoutée parler durant des heures de l'infantisme et de l'enfantisme . Parfois j'essaie d'adopter sur moi-même un regard aussi bienveillant qu'elles. Mais c'est difficile, car elles sont très très fortes.

  • David, mon co-équipier du quotidien

    qui se tient à mes cotés depuis plus de 10 ans, et qui a été mon ancrage dans la réalité dans cette looongue tempête existentielle. C'est aussi lui qui a insufflé suffisement de confiance ces trois dernières années, pour que notre enfant grandisse bien, malgré les cabosseries de la vie.

  • Et finalement : mon merveilleux Luis Ariel

    Rien ne serait pareil sans sa présence dans ma vie. Il agit parfois (à son insu) comme le révélateur de mes failles intérieures, mais aussi et surtout toujours comme un moteur qui me pousse à vivre, à prendre soin de moi, et à (essayer de) devenir une meilleure personne. Il m'a appris l'amour inconditionnel et je fais de mon mieux pour le lui rendre en retour.

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